Collection(s) : Scène ouverte
Paru le 13/06/1997 | Broché 132 pages
Vieille demeure aristocratique, action discontinue où aucun personnage ne joue un rôle de premier plan: on pense, bien sûr, à La Cerisaie de Tchekhov, et le sous-titre donné par Shaw à La Maison des cœurs brisés justifie la référence. Mais la ressemblance reste tout extérieure; comme Shaw reste extérieur à la maison et aux questions dérisoires qui s'y agitent; comme les protagonistes restent extérieurs au monde et à l'histoire. La guerre elle-même - la pièce fut écrite en 1916-1917 - n'existe pour eux que sous la forme d'un bombardement aérien, qu'ils espèrent aussi répétitif que leurs algarades quotidiennes. Le sang versé non loin d'eux leur donnera au moins l'illusion de n'être pas tout à fait exsangues.
Auteur, en 1884, du manifeste de la Fabian Society, groupement d'intellectuels socialistes auquel il a adhéré après la lecture de Marx, Bernard Shaw (1856-1950) collabore dans le même temps à divers périodiques, s'impose dans la critique dramatique, la critique d'art et la critique musicale (études sur Wagner et Ibsen), entreprend une carrière de romancier qui tourne court, publie en 1892 sa première pièce: Les Maisons des veufs, et fait jouer, en 1894, aux Etats-Unis, L'Homme et les armes dont le succès marque le début de son ascension vers la célébrité mondiale, jalonnée par ces œuvres maîtresses: Candida, On ne peut jamais dire, Le Disciple du diable, César et Cléopâtre, La Commandante Barbara, Pygmalion, Androclès et le lion, La Maison des cœurs brisés, Sainte Jeanne, etc., qui lui valent de recevoir en 1925 le prix Nobel de littérature.
