Collection(s) : Slavica
Paru le 15/01/2009 | Broché 534 pages
Public motivé
Cet ouvrage est une plongée dans l'atmosphère « démoniaque » qui régnait en Russie au passage du XIXe au XXe siècle. A l'heure où la Russie, tout comme l'Europe, connaît un vif engouement pour l'ésotérisme, l'occultisme et la théosophie, les écrivains et les artistes s'emparent de la figure diabolique et l'adaptent à leur époque. Après le diable grandiose et solitaire de la période romantique, les symbolistes transforment et stylisent ce personnage, l'incarnant en de multiples avatars, tantôt majestueux, tantôt petits et mesquins. Le sentiment apocalyptique qui imprègne le tournant du siècle, bientôt confirmé par les bouleversements socio-historiques, renforce encore le mysticisme des artistes et des écrivains, qui invoquent la présence du démon pour mieux comprendre le monde. Dans cette étude, Fanny Mossière montre que la représentation symboliste du diable se caractérise par un « brouillage », un flou, une indétermination : toujours ambigu, insaisissable, « autre », le démon est difficile à percevoir. Tel est le cas dans deux romans essentiels pour la période symboliste, L'ange de feu de Valeri Brioussov et Un démon de petite envergure de Fédor Sologoub, qui mettent respectivement en scène le personnage mi-angélique mi-démoniaque de Madiel, et nedotykomka, démon informe et inquiétant. Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, quoique plus tardif, s'inscrit dans la lignée du mouvement artistique et esthétique symboliste, tant au niveau stylistique que pour sa démonologie débridée. Enfin, une analyse de l'oeuvre picturale de Mikhaïl Vroubel, et plus particulièrement de son Démon, complète ce « portrait du diable » à l'orée du XXe siècle.
Fanny Mossière a terminé sa thèse de doctorat en littérature russe à l'Université de Lausanne en 2007. Traductrice et spécialiste de la littérature russe du début du XXe siècle, elle travaille aujourd'hui dans l'édition.