Paru le 15/02/2018 | Broché 266 pages
Dans une grande ville portuaire de la fin des années cinquante, des fillettes disparaissent.
À la sortie des classes, la rue Porte-Vieille, une de ces artères bruyantes et sombres qui descendent longuement vers les quais, est remplie d'amoureux de treize ans. Arthur Ledru et Frieman sont deux collégiens que tout sépare mais qu'un coup du sort va irrésistiblement rapprocher. De sentiments interchangeables, ils s'amourachent des mêmes filles, un petit jeu sans conséquence, jusqu'à ce que l'un et l'autre s'éprennent de Nathalie, la jeune soeur de leur nouveau camarade, l'ambigu Stéphane.
À eux quatre, ils s'inventent un univers en opposition à celui de leurs parents, tout en cherchant à en percer les secrets.
Pénétrant à leurs risques et périls dans la chambre des mystères, ils deviennent à leur tour captifs des petits arrangements avec le quotidien, de la médiocrité qui régit les relations sociales, du vide dissimulé derrière les belles façades.
Les fils du récit, exposés sous de froids éclairages, se resserrent progressivement en un noeud effrayant, comme autant d'étapes vers un aboutissement où l'anodin devient l'atroce.
Dans cette histoire, tous ne sont que des pantins criminels, atteints du « grand mal », celui qui, tôt ou tard, consiste à devenir adulte. Un grand livre d'un écrivain retrouvé.
Jean Forton est né à Bordeaux en 1930.
Jeune homme, il fonde une revue
littéraire, La Boîte à clous, dans laquelle
il sollicite des plumes célèbres comme
François Mauriac, Jean Cocteau ou
Raymond Guérin. C'est là qu'il écrit ses
premiers textes et des critiques sur la
littérature, le cinéma ou la musique.
Pour gagner sa vie, il se fait libraire, et
tente sa chance en littérature avec une
nouvelle, Le Terrain vague, qui paraît
chez Seghers en 1951.
Repéré par Gallimard, qui deviendra dès
lors son seul éditeur, il y publie, de 1954
à 1966, huit romans (dont Le Grand Mal
en 1959), passant très près, avec L'Épingle
du jeu, du Goncourt.
Hanté par le thème de la fuite,
il enchaîne des romans marqués par une
sourde inquiétude, mais interrompt ses
publications avec Les Sables mouvants.
Il meurt oublié et de façon prématurée
en 1982.
Sous l'impulsion du Dilettante, qui
exhume un inédit, L'Enfant roi (1995),
et réédite quelques romans, puis des
éditions Le Festin qui lui consacrent un
ouvrage, Jean Forton, un écrivain dans la
Ville (2000), et enfin des éditions Finitude
qui publient des nouvelles inédites, le
succès posthume de Forton se manifeste.
Depuis 2002, pas moins de cinq livres
sont parus.