Collection(s) : Phoïbos
Paru le 23/12/2010 | Broché 74 pages
Il y a, dans toute la poésie d'Eric Chassefière, et spécialement dans ce recueil, cette écoute attentive de la vie qui bat sous toutes ses formes et qu'il « entend », enfoncé dans l'intériorité d'un regard amoureux. Amoureux des êtres qui l'entourent (chat, fleurs, ciel, arbre...), amoureux de la femme toute proche qui transforme le « tu » en « nous » et fait du regard posé sur les choses un regard androgyne. On touche au Mystère des êtres sans les déflorer, dans ce partage intime qui fait du deux le un, sans jamais savoir où se situe la rupture entre soi et le monde (y a-t-il encore rupture ?) tant cette intériorité - à la fois jeu du double et du miroir -, dans le dépassement des apparences conduit à la fusion. On accède ainsi, à partir des signes sensibles, à une forme de spiritualité incarnée qu'on pourrait qualifier, d'une certaine manière, de panthéiste.
Silvaine Arabo
(...)
longeant par les marches basses
l'eau noire incrustée de reflets
nous voyons deux femmes sous un arbre
en train de nourrir les oiseaux
qui se sont rassemblés autour d'elles
nous restons là longtemps assis sur les marches
de l'escalier qui entre dans l'eau sombre
à regarder bouger les silhouettes colorées
sans savoir où s'arrête notre présence
où commence celle des femmes que l'eau mire
Eric Chassefière, né en 1956, habite Paris et exerce le métier de chercheur en physique au CNRS dans le domaine des sciences de la Terre et de l'univers. Il a publié ses premiers textes dans la revue liégeoise M25 au milieu des années 80. Publications récentes en revues : Poésie/première, Verso, Décharge, L'Arbre à Paroles, Parterre Verbal, Pages Insulaires, Comme en poésie...