Paru le 15/11/2001 | Broché 123 pages
Professionnels
trad., notes et introd. de Jean-Paul Sorg
Sans doute est-ce une oeuvre marginale que cette thèse du doctorat en médecine, terminée par Schweitzer en 1913, à la veille de partir pour Lambaréné, et consacrée curieusement à l'examen de divers jugements psychiatriques qui avaient été portés sur la personnalité de Jésus. Mais ayant dans ses livres antérieurs (Le secret historique de la vie de Jésus et Histoire des recherches sur la vie de Jésus) mis en évidence les convictions eschatologiques de « l'homme de Nazareth », qui manifestement agissait et prêchait dans l'attente de la fin du monde, Schweitzer se vit obligé, intellectuellement, de relever le défi de ceux qui alors, imbus de leur psychiatrie considérée comme une science positive, prétendaient démontrer que le Messie juif était un paranoïaque mégalomane ou, pire, un épileptique, un dément précoce...
Or, il faut toujours se garder, ici et là, de confondre l'étrange et le singulier avec l'anormal ou le pathologique. Une grande leçon ! Nous constatons cependant, aujourd'hui encore, que, si douteuse qu'elle soit, l'idée d'une parenté entre génie religieux (ou littéraire, artistique...) et folie ne cesse de resurgir au sein de notre culture ou de nos « sciences humaines ».
Dans son introduction, Jean-Paul Sorg, rédacteur en chef de la revue Études schweitzeriennes et auteur de l'anthologie de Schweitzer Humanisme et Mystique (1995), tient compte des derniers états de la réflexion psychiatrique, inséparables d'une réflexion critique sur la psychiatrie elle-même, ses méthodes et ses pouvoirs. Il montre certains enjeux malgré tout autobiographiques de l'ouvrage qu'il a traduit et, s'appuyant sur des textes inédits en français, il restitue en même temps, sous un angle original, l'ensemble des conceptions théologiques de Schweitzer pour qui le respect de la vérité historique devait l'emporter sur toute autre considération.