Collection(s) : Détours
Paru le 22/08/2008 | Broché 467 pages
D’abord une question, celle de Proust : combien de temps faut-il, chaque matin, pour redevenir à peu près soi-même ?
Cet à peu près est le lieu de la littérature, des histoires et des possibles, le temps et le lieu de la construction de soi et du détachement, avec, toujours en point de mire la volonté d’étudier « ceux qui sont différents de moi et [les] différents moyens de m’en approcher. »
Ainsi en va-t-il de Laurent Nunez qui, pour devenir lui-même, va marcher dans les pas d’autres écrivains, mais pas n’importe lesquels, puisqu’il s’agit de Quignard, Duras, Proust et Genet.
Jamais il ne singe ni ne pastiche, il écrit, vit, respire à l’unisson, ce qui donne à son livre une couleur inimitable, une profondeur unique, une maîtrise et une intelligence monstrueuse.
Les récidivistes fonctionne un peu comme l’exposition Picasso et les maîtres : les mains dans le moteur de l’art, l’appropriation assumée, le renouvellement des motifs, en l’occurrence ici, ceux de l’autobiographie.
Un premier roman et un deuxième livre du jeune écrivain le plus audacieux de son temps.
C'est l'autobiographie d'un jeune homme d'aujourd'hui, mais si peu sûr de sa voix qu'il choisit d'en emprunter quatre autres : celle de Quignard pour cerner l'amnésie frappant un amour de jeunesse ; celle de Duras pour traduire sa poursuite effrénée de l'amour ; celle de Proust pour avouer, sur le canevas de La Recherche du temps perdu, les péripéties d'une vie trop dissolue, de l'enfance jusqu'à l'avènement de l'écriture ; enfin celle de Genet pour dénoncer le prix qu'on paie lorsqu'on écrit un livre.
C'est l'histoire d'un garçon qui n'arrive pas à aimer, qui ne comprend rien au monde, et qui décide d'écrire cette incompréhension dès lors qu'il comprend qu'elle va durer.
C'est l'histoire de Laurent qui devient écrivain.
Laurent Nunez est né en 1978 à Orléans. Il publie avec Les Récidivistes son premier roman.
