Lettres à Eugénie ou Préservatif contre les préjugés

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 220 pages
Poids : 195 g
Dimensions : 11cm X 18cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-84967-041-5
EAN : 9782849670415

Lettres à Eugénie ou Préservatif contre les préjugés

de

chez CODA

Collection(s) : Coda poche

Paru le | Broché 220 pages

Tout public

Poche
9.70 Indisponible

texte établi par Jean-Pierre Jackson


Quatrième de couverture

« Nos prêtres ne regardent plus ni comme leur prochain, ni même comme un homme, quiconque ne pense pas comme eux. C'est sans doute d'après ces idées, qu'ils décrient, qu'ils persécutent et qu'ils font, quand ils peuvent, exterminer tous ceux qui leur déplaisent. On ne les voit guère pardonner à leurs ennemis que lorsqu'ils sont dans l'impuissance de s'en venger. Il est vrai que ce ne sont jamais leur propres injures qu'ils vengent, ce ne sont point leurs propres ennemis qu'ils veulent exterminer, ce sont les injures faites à Dieu - qui sans leurs secours ne pourrait sans doute point se venger par lui-même.

Si nous examinons sans préjugé la source d'une infinité de maux dans la société, nous verrons qu'ils sont dus aux spéculations fatales de la religion qui, enivrant les hommes d'enthousiasme, de fanatisme et de délire, les rendent aveugles, inconsidérés, ennemis d'eux-mêmes et des autres. Un dieu tyrannique, partial et cruel ne rendra jamais ses adorateurs équitables et bienfaisants. Des prêtres qui nous ordonnent d'étouffer la raison ne feront jamais de nous que des êtres déraisonnables, prêts à s'enflammer de toutes les passions qu'ils voudront nous inspirer.

Il est vrai que leur intérêt exige que nous soyons tels. Ils veulent que nous leur sacrifions notre raison parce que cette raison pourrait les contredire et ruiner leurs grands projets. La foi n'est utile que pour eux ; elle leur soumet des esclaves abrutis dont ils font ce qu'ils veulent et qui deviennent les instruments de leurs passions. Voilà d'où vient leur zèle pour la propagation de la foi, voilà la vraie cause de leur inimitié pour la science et pour ceux qui refusent de plier sous leur joug ; voilà pourquoi, quand ils peuvent, ils établissent l'empire de la foi (c'est-à-dire leur propre empire) par le fer et par le feu, qui leur tiendront toujours lieu d'arguments.

Vous voyez donc, Madame, que les hommes qui pensent et qui apprennent à penser aux autres sont bien plus utiles aux souverains que ceux qui veulent étouffer la raison et proscrire à jamais la liberté de penser. Vous voyez que les vrais amis de la puissance souveraine sont ceux qui répandent des lumières sur les peuples. »