Collection(s) : Méditerranée médiévale
Paru le 17/06/2021 | Broché 269 pages
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Se divertir en temps de peste dans Avignon
Quand la peste se déclare, la fuite se révèle souvent impossible et vaine ; c'est alors l'enfermement, autrement dit la quarantaine, ou, comme nous disons maintenant, le confinement qui s'impose. Durant des siècles les mêmes scènes se répétèrent. Mais comment pouvait-on échapper à l'angoisse mortifère ?
Dans Avignon, encore victime de l'épidémie en 1721, un phénomène surprenant apparaît : l'existence, en ces temps d'effroi, de toute une activité poétique et littéraire supposant visites et conversations entre amis. Malgré les consignes les plus strictes, un petit commerce littéraire continue, même s'il se réduit à l'échange de quelques oeuvres, voire à leur achat en librairie, lieu essentiel à cette époque.
Quelques-uns cherchèrent dans l'exercice de la plume un remède à leur peur et, plus encore peut-être, à leur ennui. Il faut se divertir, amuser ses amis pour tenter d'oublier l'horreur quotidienne.
Le Barbakan du Père Michel-Ange Marin est un poème burlesque écrit pour déjouer le malheur ; La Chanson du pèlerin de Saint-Roch, d'un dénommé Grégoire, aussi distrayante soit- elle, est d'abord l'expression d'un devoir de mémoire : ne pas oublier ceux qui oeuvrèrent au bien commun.
Suzanne Thiolier-Méjean, professeur émérite de l'université de Paris IV-Sorbonne, est spécialiste de langue et littérature médiévales d'Oc.