Collection(s) : Espaces littéraires
Paru le 17/12/2020 | Broché 209 pages
Public motivé
Sous le fleuve de lumière
Joseph Joubert, de mémoire
Ami proche d'Alphonse de Chateaubriand, Joseph Joubert se voyait comblé s'il parvenait seulement à toucher trois ou quatre lecteurs. Il le dit depuis un lieu où il n'en a aucun. Remplissant ses petits cahiers dans la conscience de celui qui travaille à être mort (il l'écrit), il ne fait rien lire. Pas même à ses intimes. Se relisant il ne parvient pas à se faire une idée de ce qu'il pourrait faire de tout ça. Une oeuvre ? Non, l'idée ne le mobilise pas. À la pensée d'effectuer un choix dans ses écrits, les bras lui tombent. Lorsqu'on lit ce contenu, peu à peu des liens se tissent sous les fragments. Nous devinons plus que nous ne lisons ce qui a été quotidiennement attrapé qui ne s'adresse qu'à ceux qu'on ne rencontrera jamais : ces trois ou quatre pour lesquels ceci ou encore cela est écrit dans un temps où aucun lecteur ne pouvait le recevoir. Depuis, la solitude des Carnets a toujours trouvé ces trois ou quatre lecteurs. À chaque instant de leur lecture, ceux-ci ont besoin du tout pour en aimer tel détail. Ne se souhaitant que trois ou quatre lecteurs, Joubert a finalement réussi. Comment cela a-t-il pu se faire à travers un échec est la question de ce livre.
Gilles Gontier est né à Paris en 1954. Au bout d'un cursus scolaire assez chaotique il obtient un diplôme des Arts Décoratifs juste avant lequel il avait commencé à écrire. Poésie, essais, principalement. Les lieux arides et froids, les aspects les plus austères de la nature, la préhistoire, l'ethnologie (les thèses de Robert Jaulin et René Bureau) sont ses centres d'intérêt.