Collection(s) : Piccolo
Paru le 07/03/2019 | Broché 337 pages
traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Léna Humbert (LE COMPTOIR DES MOTS)
Une fratrie italienne traverse la guerre. Quatre frères et sœurs qui à leur façon s'adaptent à l'horreur, à la haine, à la peur. Un récit sec mais magistral de la (très) grande Natalia Ginzburg.
Tous nos hiers
Ippolito tapait à la machine les mémoires que leur père dictait en se réjouissant du bon tour qu'il jouait au roi, à Mussolini et aux « crapules » fascistes. Concettina ne cessait de changer de fiancé, et Giustino disait à Anna qu'elle était trop laide pour pouvoir songer à se marier. Tous les quatre épiaient leurs jeunes voisins de derrière la haie. Ils recevaient de grandes boîtes de chocolats d'un ami de leur père, Cenzo Rena. Et madame Maria évoquait les splendeurs du passé. Mais tout ça c'était avant. Avant d'être engloutis par les deuils, les vilénies du fascisme et le vacarme de la guerre. Avant que ces années-là ne deviennent « tous leurs hiers ».
Natalia Ginzburg (1916-1991) occupe une place centrale dans la littérature italienne de l'après-guerre : son style monocorde dénué de fioritures et de pathos, son tableau de la jeunesse des difficiles années de la guerre, sa finesse psychologique sont profondément originaux. Épouse de l'écrivain Leone Ginzburg, torturé à mort dans les prisons fascistes en 1944, auteure de pièces de théâtre et d'essais, elle a été aussi éditrice aux éditions Einaudi.