Collection(s) : L'esprit curieux
Paru le 01/01/2003 | 12 pages
Tout public
Son fondement le plus sûr, un conformisme social fortement déterminé. On doit à cet égard revenir sur l'anonymat des réprouvés ; il procède sans aucun doute d'un souci d'efficacité pastoral, mais il concourt également à placer les puissants hors de la sphère du péché et de la damnation - ce qui n'était pas le cas au XIIIe siècle -, tandis que la hiérarchie des élus suggère que princes de l'Eglise et puissants laïcs sont sanctifiés de manière automatique et que les contester est sacrilège. L'au-delà, ainsi, parle également d'ici-bas, au moment où s'épanouissent en France le gallicanisme et la monarchie administrative, appelée à devenir absolue.
Image forte à cette époque, le Jugement dernier perd ultérieurement de son actualité spirituelle et temporelle, puisqu'en 1693, l'archevêque Le Goux de La Berchère le fait mutiler sans remords.
Le Jugement dernier de la cathédrale Sainte-Cécile comporte ainsi des éléments contingents, étroitement liés à l'époque de sa mise en place. Au-delà, il constitue l'expression sublime et forte des mystères de la foi que les chrétiens d'aujourd'hui partagent avec ceux d'hier.
Jean-Louis Biget
Jean-Louis Biget est professeur émérite à l'Ecole normale supérieure de Fontenay / Saint-Cloud.
