Collection(s) : Espaces littéraires
Paru le 31/01/2013 | Broché 321 pages
Public motivé
Alfred Jarry à La Revue blanche
De 1893 à 1899, Alfred Jarry livre des textes d'une obscurité palpable. Cette obscurité s'inscrit pleinement dans la mouvance du « rêve mallarméen du livre », qui est « d'abord [...] le rêve d'un livre [...] total qui enferme dans sa plénitude jalouse, comme les missels à fermoir ou les grimoires des alchimistes, la plénitude du sens » (Bertrand Marchal). Et cette plénitude du sens ne doit pas être octroyée à quiconque. Il s'agit, pour Jarry, par le texte, de s'offrir au regard et dans le même temps de se soustraire - du moins en partie - à la compréhension qui peut être faite de ce que l'on offre au regard ; il n'est pour s'en rendre compte que de se reporter aux Minutes ou à César-Antechrist, ou encore à la critique d'art pratiquée par Jarry dans sa jeunesse. En revanche, constate Julien Schuh, « à l'aube du XXe siècle, dans un autre espace littéraire » qui correspond surtout au cénacle de La Revue blanche, « la démarche de Jarry se transforme ». En effet, ce qui frappe immédiatement, en ce qui concerne les textes des « Spéculations » ou des « Gestes » comme en ce qui concerne les critiques littéraires publiées dans le même temps à La Revue blanche, c'est l'immédiate clarté de la langue, qui s'oppose si fortement au premier Jarry que nous venons d'évoquer. Un tel changement stylistique, séparant l'oeuvre de Jarry en deux pans bien distincts, pose indubitablement question. C'est de cette question qu'est né peu à peu cet ouvrage.
Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Dix-huit ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l'agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l'Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d'aphorismes, des proses, des essais.